dimanche 15 février 2015

Salut Bernard !

par FDG Mériel
Beaucoup de monde à la Maison du peuple de Bezons pour un moment de recueillement à la mémoire de Bernard Calabuig hier matin à 10h. De nombreux Valdoisiens étaient présents. Patrick Braouezec, Président de Plaine commune, et Marie-Pierre Boursier, membre du CN, ont assisté aussi à l'hommage que Jean-Michel Ruiz a rendu à notre ami Bernard. Philippe Noël, Secrétaire de la section, et Dominique Lesparre, Maire de Bezons, ont aussi pris la parole. De nombreux anciens dirigeants nationaux de la Jeunesse Communistes ont témoigné par leur présence de leur attachement à ce merveilleux camarade (Jean-Paul Garnier, Stéphane Peu, Jean-Michel Brun, Tonio Aniesa, Vincent Liechti,  Dominique Sanchez et Jean-Michel Ruiz).
Voici l'allocution prononcée par Jean-Michel :

"Chers amis,
Vous vous doutez que ce moment est difficile pour moi.
Je vais retracer le parcours militant de Bernard en quelques mots ce qui n’est pas facile. Il adhère au PCF et à la JC en 1973. Il devient rapidement secrétaire fédéral de la JC de l’Aude en 1977 et il le restera jusqu’à son départ pour la capitale en 1978.
Secrétaire fédéral de la JC du Val d’Oise en 1980, il entre au Conseil national de l’organisation la même année. Le secrétaire général est à l’époque Pierre Zarka, qu’il retrouvera plus tard pour d’autres aventures. Leur lien est très fort et c’est aujourd’hui Pierre qui parle à Aubagne. Je vous communiquerai son intervention.

Le sens de l’organisation de Bernard a rejailli sur la JC qui comptait à l’époque plusieurs dizaines de milliers d’adhérents et qui était au cœur des combats de la jeunesse : Mandela, la solidarité avec les Palestiniens mais aussi les actions coup de poing à l’ambassade d’Afrique du Sud ou chez Fauchon, le festival de la contestation… Comme je l’ai fait remarquer dans mon communiqué, tout un symbole de voir que Bernard disparait 25 ans jour pour jour après la libération de Mandela, combat qui avait contribué au développement de la JC en tissant un lien avec l’ensemble de la jeunesse.
Il termine son action à la JC en 1993.
Cette même année, il devient secrétaire de la section de Garges dont il est élu municipal depuis 1989. Il occupe même le poste de président du groupe des élus communistes et apparentés de 1991 à 1995 alors que notre camarade Henri Cukierman est maire de la ville. Bernard évoque d’ailleurs dans son livre, l’excellent travail fait par la municipalité et les regrets de la perte de la ville.
En mars 1996, il devient secrétaire fédéral du Val d’Oise. Je ne développerai pas cette partie de son activité car tous ici, communistes ou non, ont pu juger du rôle important qu’il a réussi, avec les équipes successives, à faire jouer au Parti sur le département malgré son affaiblissement national. Pour aider le Parti à rayonner, il accepte de succéder à Jacky Leser comme conseiller général du canton de Bezons. Une petite parenthèse pour faire part de l’estime et du respect qu’il avait pour Jacky.
J’ai eu la chance de collaborer à son activité de conseiller général de 2005 à 2008. Le fait qu’il précise à chaque fois qu’un conseiller général n’est pas l’élu d’un canton mais d’un département l’a amené à intervenir sur l’ensemble du Val d’Oise.
De la rencontre régulière avec les syndicats à celle avec les salariés en lutte, des réunions avec les responsables politiques ou associatifs, naissaient des interventions percutantes et je suis sûr qu’il a battu le record de motions déposées durant le mandat amenant même les élus de droite à voter pour la sauvegarde d’EDF ou contre les délocalisations…
Il a gagné le respect de tous, droite et gauche confondues, et Didier Arnal, ancien Président PS du CG,  m’a envoyé un message dès la nouvelle connue.
Je tiens à souligner que le fait de « passer la main » sans y être forcé que ce soit pour ce qui est du conseil général et de secrétaire départemental, prouve son intégrité et que son investissement est désintéressé sauf pour défendre le communisme.
 Je fais le lien ici avec son activité au sein de la direction nationale de notre Parti. Il devient membre du CN en 1996 et membre de l’exécutif en 2003 avec en charge le secteur Ecole. Il est arrivé, avec une équipe riche de sa diversité, à produire un travail reconnu par tous. Le secteur a sorti deux livres, organisé des centaines de débats, des rencontres de toute la gauche sur le sujet…en fait une vraie vie de secteur. Son camarade José Tovar souligne que Bernard est arrivé au secteur en précisant qu’il avait quitté l’école à 14 ans et José souligne : « sa capacité à prendre appui sur le réel pour se projeter vers l’avenir ». Pour sa part Roger Martelli rajoute « Au fil du temps, des conversations, des combats partagés, j’ai découvert ce qui faisait la richesse de cet homme indéracinable et tranquille. De famille communiste et ouvrière, ouvrier lui-même, il portait la fierté d’une classe aspirant à la dignité, pour elle et pour toute l’humanité. Ce garçon que l’école n’avait pas su cultiver avait une telle foi dans l’avenir que, autodidacte, il était devenu un intellectuel. Comme des milliers de militants ouvriers y étaient parvenus avant lui. Grandeur du militantisme et du parti pris communiste..."
Toujours très attaché au Val d’Oise, « une Fédération atypique » comme il disait,  il écrit
dans son livre : « Je fus le 4ème Secrétaire fédéral du PCF depuis la création du département. J’y battrai le record de longévité en occupant ce poste durant treize ans. Mon ami Jean-Michel Ruiz a pris la relève et j’ai toujours beaucoup de plaisir à m’informer des activités communistes dans ce département au travers de nos conversations ». Et oui, ces nombreuses conversations où nous échangions sur tout. Sur Bezons bien sûr comme son appel le soir du 1er tour des municipales pour savoir si la liste conduite par Dominique Lesparre l’avait emporté et son soulagement de l’apprendre, sa satisfaction de savoir que la section de Bezons retrouvait une vraie activité,  des nouvelles de ses amis. Nous n’étions pas toujours d’accord sur la forme, mais en partageant souvent le fond. Comme il m’a écrit en dédicace à son livre « « Quelques réflexions qui ne te surprendront pas. Et toujours la détermination à redonner du sens aux mots Révolution et Communisme, un puzzle que nous avons différemment l’un et l’autre commencé de construire ». Je me souviens comme il ne voulait pas louper, depuis son départ à Aubagne, une inauguration de l’Espace 95 à la Fête de l’Huma. Il était heureux lors de la dernière fête de présenter son livre sur le stand fédéral et d’échanger d’une façon détendue et fraternelle avec les copains du Val d’Oise.
Comme l’a titré l’Huma : « Bernard Calabuig, Communiste jusqu’au bout ». Oui, un vrai communiste. Il répondait au journaliste de La Marseillaise qui l’interrogeait en septembre 2014 sur sa rupture avec le PCF : « Je précise tout de suite que ces ruptures là le sont avec une façon de penser la révolution et le mode d’organisation qui s’y apparente et pas une rupture avec les militants communistes pour lesquels j’ai beaucoup de sympathie et, pour un certain nombre d’entre eux, beaucoup d’affection. Encore moins une rupture avec ce qui fonde mon idéal et mon engagement, c’est-à-dire le communisme. » Comme l’a écrit son ami Gilles Alfonsi : « Il a contribué de diverses manières, et tout particulièrement à
l’Association des communistes unitaires, dont il était l’un des fondateurs, à faire vivre un altercommunisme ».
A Aubagne, il avait retrouvé des amis dont Robert Abad et aussi de nouvelles batailles à mener dont celle pour la gratuité des transports au côté de Magali Giovannangeli. Je cite Bernard : «  La gratuité, c’est une problématique qui divise la gauche, y compris la gauche radicale. C’est une question qui n’est pas résolue dans le Parti qui se réclame du communisme. Elle s’inscrit dans ce que j’appelle le droit universel «De chacun selon ses besoins. »
Bernard était un homme très attachant et apprécié de beaucoup. Preuve en est ces messages parvenus depuis mercredi de divers horizons. Du PCF avec les mails ou sms de Isabelle De Almeida, Présidente du CN, de Jacques Chabalier dont le père avait milité avec le sien, de la Sénatrice Laurence Cohen qui écrit « Je pense à lui avec beaucoup d'affection, car j'avais apprécié son contact chaleureux quand je venais d'être élue secrétaire départementale du Val de Marne, tandis que lui était à la tête de la fédération du Val d'Oise. Ce premier contact fraternel ne s'est jamais démenti. Respectueux des idées de chacun, il était à l'écoute et toujours en réflexion », les messages des Secrétaires départementaux Julien Iborra ou Elsa Faucillon dont le texto disait « Je suis triste », de Marie-Pierre Vieu bien sûr avec qui il construisit une liste alternative au congrès de 2008, de beaucoup de Valdoisiens dont Pierre Barros le Maire de Fosses dont il appréciait l’anticonformisme et l’engagement progressiste, ou Alain Lacombe son prédécesseur qui décrit : « cet exceptionnel et clairvoyant compagnon de lutte tellement humain », des militants de Garges et de Bezons, des syndicalistes avec l’UL de Bezons, Yann Garrouï ou son ami Pascal Videcoq. Dans le Val d’Oise, les réactions de tristesse s’élargissent aux autres responsables politiques : Pierre Sandrini et Pierre Miraslis d’Ensemble, Patrice Lavaud du PG, Rachid Temal du PS, Dominique Mariette de LO, Rachid Adda du MRC, Bernard Frederik et bien d’autres.
Je n’oublie pas ses amis, qui sont aussi les miens, de l’ACU, Pierre Zarka déjà cité avec qui nous avons échangé plusieurs fois depuis mercredi, Patrick Braouezec qui a appelé tout de suite tout comme François Asensi. Pour sa part Chantal Delmas est à Aubagne. Un hommage à leur initiative est aussi en cours d’organisation.
Pour conclure, je souhaiterais dire un petit mot sur l’homme, celui qui a été et restera mon ami. Que de beaux souvenirs, de rires partagés, de questions sans réponses. Comme ça m’avait fait plaisir de le voir si heureux lors de ma venue à Aubagne au côté de Viviane et de la petite Elsa qui est bien grande maintenant. Il adorait sa famille, ses enfants, sa tribut comme il disait, il était fidèle en amitié. Nos pensées vont aux siens, à Viviane, avec qui j’ai échangé jeudi pour lui affirmer l’amitié et le soutien de tous les communistes Valdoisiens, à ses enfants dont il était fier.
Il m’a beaucoup appris, en respectant le fait que je ne sois pas toujours d’accord avec lui même si j’ai partagé globalement les options qu’il a défendu.
En deux mots, il était un mec bien, un vrai communiste, un militant qui nous rend fier de toujours l’être. Salut Bernard, Salut mon camarade, Salut mon ami."

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