par FDG Mériel
Lors du Conseil municipal du 15 janvier, Jean-Michel Ruiz, élu PCF/FDG, a proposé d'abonner la bibliothèque municipale à Charlie Hebdo. Il s'est vu signifier un refus sans discussion par le Maire. Ci-dessous, la lettre adressée au Maire par notre élu suite à cet événement.
"Monsieur le Maire,
"Monsieur le Maire,
Lors du dernier Conseil municipal, le 15
janvier 2015, vous avez fait respecter une minute de silence à la mémoire des
17 victimes des actes barbares qui ont frappé notre pays en ce début d’année.
Vous avez aussi lu la déclaration de l’association des Maires de France.
C’est une bonne chose.
Cependant, cela ne suffit pas. Le dessinateur
Luz a déclaré lors de l’hommage rendu à Pontoise à son ami Charb : « Nous sommes Charlie ?
Prouvez-le ! ».
En effet, certains
disent que Charlie était sulfureux. Ce n'est
pas Charlie qui sentait le souffre c'est notre monde. Ne regardons pas ce qui s'est passé comme un événement
isolé. Regardons seulement les jours qui ont précédé les actes terroristes. Ils
commencent avec un grillage qui cerne un banc public. Puis le naufrage en
Méditerranée des bateaux des migrants, le refus d'inhumer un bébé rom décédé,
la médiatisation outrancière du livre de Houellebecq … C'est notre période qui
sent le souffre et si nous voulons nous désintoxiquer il faut conjuguer dans la
République la Liberté avec plus de fraternité et de justice sociale.
C’est cela « être
Charlie ».
C’est
pourquoi, j’ai été surpris par votre réponse ferme et négative à ma demande,
lors de ce même Conseil, d’abonner la bibliothèque municipale à Charlie-Hebdo. En effet, nous
aurions pu par un tel acte prouver fortement et concrètement notre attachement
à la liberté d’expression et dans un même temps faire un pied de nez à ceux qui
pensent que la violence peut la réduire à néant.
Vous avez « argumenté » en vous
appuyant sur la nécessité de réaliser des « économies
budgétaires »…ce ne sont pas la centaine d’euros que coûte l’abonnement
qui mettront, me semble-t-il, les finances de la commune en péril.
Vous avez renchéri en disant que cela
poserait des problèmes si « les enfants tombaient dessus ». A un
moment où la nécessité d’ouvrir le débat sur la liberté d’expression chez les
plus jeunes est mise en avant, cet argument parait nous tirer à sens inverse.
Et même si vous êtes convaincu par cela, nous pouvons toujours trouver un moyen
de « réserver ce journal à un public averti ».
Non en fait, je suis persuadé que le fond est
ailleurs. Charlie-Hebdo gênerait certains citoyens « bien pensants », voire des
membres de l’équipe municipale, qui lui reprochent son ton sévère et cru envers
les religions.
Allons-nous pour les satisfaire retirer les
livres de Voltaire ou Diderot qui écorchaient la religion pour mieux condamner
son fanatisme ? Allons-nous écarter de la vidéothèque les films
d’Almodovar qui n’hésite pas à s’en prendre à la question taboue des excès du
catholicisme ?
En faisant cela nous donnerions raison aux
tueurs et nous pourrions penser que les larmes versées ces derniers jours sont
des larmes de crocodile. « Si nous voulons être Charlie, vraiment, nous
devons bannir toute tentation de transiger sous quelques prétextes que ce soit
avec les principes de notre République. Des principes conquis dans le sang et
dans les larmes, à rebours de traditions rétrogrades qui n’épargnèrent aucune
culture, aucune région du monde » a écrit le philosophe Henri Pena-Ruiz.
Liberté,
Egalité, Fraternité. Et Laïcité, plus que jamais !
En vous demandant de revenir sur votre
décision,
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire,
l’expression de mes sentiments distingués."
Nous publions ci-dessous un commentaire de Joan Fenet :
RépondreSupprimer"Ce refus catégorique de la part du Maire pose le problème plus grave encore de : Qui décide ? ! Est-ce vraiment à un élu politique de trancher le choix des abonnements ou des livres ? Est-ce que la bibliothécaire et le personnel ont été informés ou consultés suite à cette demande ? Qu'on trouve la suggestion bonne ou mauvaise, pertinente ou irrecevable, c'est dans l'intérêt général que ce type de décision ne relève pas d'un choix idéologique ou politique, mais soit pris par les professionnels concernés, ce qui, d'après la réponse du maire, n'était pas le cas malheureusement Venant après la suppression inexpliquée des Concerts d'Hiver, on dirait qu'il y a lieu de s'interroger sur la gestion de la culture sur la commune....."