vendredi 23 janvier 2015

Charlie à Mériel?

par FDG Mériel
Lors du Conseil municipal du 15 janvier, Jean-Michel Ruiz, élu PCF/FDG, a proposé d'abonner la bibliothèque municipale à Charlie Hebdo. Il s'est vu signifier un refus sans discussion par le Maire. Ci-dessous, la lettre adressée au Maire par notre élu suite à cet événement.
"Monsieur le Maire,
Lors du dernier Conseil municipal, le 15 janvier 2015, vous avez fait respecter une minute de silence à la mémoire des 17 victimes des actes barbares qui ont frappé notre pays en ce début d’année. Vous avez aussi lu la déclaration de l’association des Maires de France.
C’est une bonne chose.
Cependant, cela ne suffit pas. Le dessinateur Luz a déclaré lors de l’hommage rendu à Pontoise à son ami Charb : « Nous sommes Charlie ? Prouvez-le ! ».
En effet, certains disent que Charlie était sulfureux. Ce n'est pas Charlie qui sentait le souffre c'est notre monde. Ne regardons pas ce qui s'est passé comme un événement isolé. Regardons seulement les jours qui ont précédé les actes terroristes. Ils commencent avec un grillage qui cerne un banc public. Puis le naufrage en Méditerranée des bateaux des migrants, le refus d'inhumer un bébé rom décédé, la médiatisation outrancière du livre de Houellebecq … C'est notre période qui sent le souffre et si nous voulons nous désintoxiquer il faut conjuguer dans la République la Liberté avec plus de fraternité et  de justice sociale.
C’est cela « être Charlie ».
C’est pourquoi, j’ai été surpris par votre réponse ferme et négative à ma demande, lors de ce même Conseil, d’abonner la bibliothèque municipale à Charlie-Hebdo. En effet, nous aurions pu par un tel acte prouver fortement et concrètement notre attachement à la liberté d’expression et dans un même temps faire un pied de nez à ceux qui pensent que la violence peut la réduire à néant.
Vous avez « argumenté » en vous appuyant sur la nécessité de réaliser des « économies budgétaires »…ce ne sont pas la centaine d’euros que coûte l’abonnement qui mettront, me semble-t-il, les finances de la commune en péril.
Vous avez renchéri en disant que cela poserait des problèmes si « les enfants tombaient dessus ». A un moment où la nécessité d’ouvrir le débat sur la liberté d’expression chez les plus jeunes est mise en avant, cet argument parait nous tirer à sens inverse. Et même si vous êtes convaincu par cela, nous pouvons toujours trouver un moyen de « réserver ce journal à un public averti ».
Non en fait, je suis persuadé que le fond est ailleurs. Charlie-Hebdo gênerait certains citoyens  « bien pensants », voire des membres de l’équipe municipale, qui lui reprochent son ton sévère et cru envers les religions.
Allons-nous pour les satisfaire retirer les livres de Voltaire ou Diderot qui écorchaient la religion pour mieux condamner son fanatisme ? Allons-nous écarter de la vidéothèque les films d’Almodovar qui n’hésite pas à s’en prendre à la question taboue des excès du catholicisme ?
En faisant cela nous donnerions raison aux tueurs et nous pourrions penser que les larmes versées ces derniers jours sont des larmes de crocodile. « Si nous voulons être Charlie, vraiment, nous devons bannir toute tentation de transiger sous quelques prétextes que ce soit avec les principes de notre République. Des principes conquis dans le sang et dans les larmes, à rebours de traditions rétrogrades qui n’épargnèrent aucune culture, aucune région du monde » a écrit le philosophe Henri Pena-Ruiz.
Liberté, Egalité, Fraternité. Et Laïcité, plus que jamais !
En vous demandant de revenir sur votre décision,
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de mes sentiments distingués."

1 commentaire:

  1. Nous publions ci-dessous un commentaire de Joan Fenet :
    "Ce refus catégorique de la part du Maire pose le problème plus grave encore de : Qui décide ? ! Est-ce vraiment à un élu politique de trancher le choix des abonnements ou des livres ? Est-ce que la bibliothécaire et le personnel ont été informés ou consultés suite à cette demande ? Qu'on trouve la suggestion bonne ou mauvaise, pertinente ou irrecevable, c'est dans l'intérêt général que ce type de décision ne relève pas d'un choix idéologique ou politique, mais soit pris par les professionnels concernés, ce qui, d'après la réponse du maire, n'était pas le cas malheureusement Venant après la suppression inexpliquée des Concerts d'Hiver, on dirait qu'il y a lieu de s'interroger sur la gestion de la culture sur la commune....."

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