samedi 7 mars 2015

Mélenchon, Poutine... pourquoi ?

par Stéphane Pariyski
Bien sûr il faut se garder de toute caricature. C'est vrai : on ne sait pas qui a tué Nemtsov (quel scoop !) Oui, son passé politique est critiquable (il n'est pas le seul...). C'est vrai encore : le conflit russo-ukrainien est (beaucoup) plus complexe que ne le laissent supposer les éditoriaux télévisés. Oui, le jeu des États-Unis et de l'Union européenne n'est pas aussi désintéressé que veulent le faire croire Hollande et Merkel...
Mais tout de même ! D'où vient ce désagréable sentiment qu'à chaque fois qu'il est question de Poutine et de la Russie (notamment...), Mélenchon perd toute mesure ? Toute finesse, toute subtilité ? Toute capacité à prendre de la hauteur ? (toutes qualités pour lesquelles je l'ai souvent apprécié par ailleurs).
Pourquoi tant de mansuétude vis-à-vis de Poutine ? On voudrait entendre Mélenchon dénoncer très fort les dérives autoritaires du pouvoir russe (une tradition multi-séculaire dans ce pays, certes...) ; son caractère brutal ; on voudrait l'entendre dénoncer l'escalade militaire des deux côtés ; dénoncer la collusion avec l'extrême-droite russe et plus largement européenne (les ukrainiens n'ont pas de monopole en la matière...) ; on voudrait l'entendre relayer les voix de paix (certe rares...) qui s'élèvent en Russie et en Ukraine... On voudrait l'entendre dire que Nemtsov, même si sa position n'était pas dénuée d'arrière-pensées, était l'une d'elles. On voudrait l'entendre dénoncer la violence (en Ukraine et en Russie), dénoncer des crimes. Pour ma part, aujourd'hui j'ai surtout envie de crier ma colère contre les boutefeux qui, de part et d'autre, sont prêts à tous les massacres pour étendre leur empire.
Y voir clair, c'est d'abord poser des préalables. Des principes : admettre que le peuple russe n'est pas condamné à choisir entre libéralisme débridé et autocratie autoritaire (j'ai soudain envie d'illustrer ce billet par une image du magnifique Léviathan, qui rencontre en ce moment quelques problèmes avec la censure russe...) ; que le peuple ukrainien a d'autres alternatives que d'être le paillasson de la Russie ou de l'Union européenne. Mais quand il est question de Poutine, Mélenchon y voit-il encore clair ?

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