samedi 18 juin 2016

La prévention santé des jeunes au Conseil régional...

par Jean-Michel Ruiz
Lors de la séance du Conseil régional, je suis intervenu, au nom du groupe Front de gauche,  sur la politique de prévention santé pour la jeunesse. Nous étions partis sur une abstention. Suite au débat, la vice-présidente a annoncé un doublement de l'aide aux mutuelles pour les étudiants ainsi que la construction d'ici l'automne d'une stratégie de lutte contre les discriminations. Nous avons donc voté pour cette délibération.  J’ai profité de l’explication de vote pour rappeler la nécessité de créer en urgence un pôle public du médicament.
Voici l'intégralité de mon intervention lors de la discussion générale:


Madame la Présidente, Madame la vice-présidente,

L’objectif de ce rapport est de redéfinir les grandes lignes de la politique de santé des jeunes en Ile de France en tenant compte de l’évolution de leurs comportements.
Nous constatons comme vous que la santé des jeunes est un délaissé de notre société libérale. Des efforts avaient été réalisés après la seconde guerre mondiale, à l’époque de la reconstruction, à un moment où l’on pensait encore en termes d’avenir. Les réalisations d’hier sont à l’abandon, comme si les pouvoirs publics n’avaient plus confiance en l’avenir. De fait, la jeunesse ne trouve pas son compte dans ces politiques de court terme.
Qu’entend-t-on aujourd’hui par jeunesse ?
Au-delà du marqueur de l’âge, force est de constater que c’est encore la précarité qui est le plus petit dénominateur commun de cette catégorie de la population, la plus victime des crises économiques. Les enquêtes sur les difficultés des jeunes se succèdent et mettent en lumière le renoncement aux soins (près de 55 % des jeunes ont déclaré avoir « plutôt tendance à attendre que les choses passent » lorsqu’ils tombent malades, chiffre en constante augmentation). Les jeunes qui devraient entrer dans le monde du travail se retrouvent au chômage pour un grand nombre : aucun suivi médical préventif n’est possible. Quant à ceux qui trouvent un emploi, combien ont la possibilité d’un vrai suivi en médecine du travail ?
Bien au fait des inégalités sociales qui malheureusement structurent notre société, nous sommes convaincus qu’il faut que la puissance publique intervienne auprès des jeunes pour offrir un véritable accès aux soins.
En effet, les inégalités sociales de santé chez les jeunes sont criantes. Les inégalités territoriales également. Contraception à l’abandon, mauvaise prise en charge des IVG, progression des comportements addictifs,  de la toxicomanie ou de l’alcoolisme tout comme les comportements violents ou les suicides. Les problèmes psychiatriques ou plus simplement psychologiques ne peuvent être pris en charge par les consultations spécialisées de secteur qui sont exsangues.
Une politique de recherche en santé publique pour mieux connaître et appréhender les problèmes de santé de l’adolescence qui est qualifiée de « nébuleuse » par certains épidémiologistes, semblent être une véritable nécessité.
Chez les étudiants, qui représentent plus de la moitié d’une classe d’âge, les chiffres sont inquiétants et se dégradent depuis le début de la crise : 200 000 vivent sous le seuil de pauvreté et plus de 50% exercent une activité salariée pendant leurs études. La précarité a des conséquences sur leur situation sanitaire, puisque la santé est l’un des premiers postes de dépense sacrifié par les étudiants.
Là encore, les chiffres inquiètent : 20% des étudiants ne possèdent pas de complémentaire santé, 3 fois plus que l’ensemble de la population, et plus d’un tiers d’entre eux renonce à des soins.
Ces chiffres traduisent les insuffisances du système de santé qui multiplie les barrières financières et administratives dans l’accès aux soins et ne répond pas aux besoins spécifiques des jeunes. Malgré un constat largement partagé aucune réponse ambitieuse n’a été apportée par les gouvernements successifs.

Notre jeunesse est bien la génération sacrifiée !

En Ile de France, les boursiers 5,6 et 7 (calcul sur revenu des parents) n'ont pas accès au dispositif d’aide régionale à la mutuelle au motif qu'ils sont éligibles pour le dispositif national ACS (aide à la complémentaire santé) et CMU-C (CMU complémentaire) tant les revenus de leurs parents sont faibles. Il faut noter que les publics précaires ont plus de mal dans les démarches administratives longues et fastidieuses. Le danger est d'assister à des institutions qui se renvoient la balle des publics précaires.  C’est pourquoi, nous proposons un amendement qui précise le cadre public qui doit définir les missions et orientations que va développer le comité prévu. Ce n’est qu’en développant un service public de qualité sur l’ensemble du territoire francilien, en s’appuyant sur les têtes de réseaux déjà existantes, qu’une politique régionale en matière de prévention santé chez les jeunes sera réellement efficace.
Une des solutions pour renforcer la prévention passe par les centres de santé.
En effet, l’approche pluridisciplinaire initiée dans les centres de santé a prouvé son efficacité et sa pertinence sur le plan médical. La Région, comme nous l’avions demandé lors du budget, devrait contribuer à leur développement.
Rappelons-nous aussi que lors du vote du budget vous avez supprimé purement et simplement la ligne budgétaire qui concernait des expérimentations qui ont prouvé leur utilité en prenant en charge des malades du VIH/sida et des addictions (je pense entre autre à l’ouverture de la salle de consommation à moindre risque) qui ont ainsi bénéficié de soins de premier ordre grâce à l’aide régionale.
De plus, le fonds de prévention Jeunes est passé de 0,7M€ à 0,2M€ (-71%)
En fait, l’ensemble de la ligne Santé en Investissement comme en fonctionnement a baissé considérablement comme les sommes alloués au pass-contraception ou à l’information.
Ce ne sont pas de bons signes et ils limitent de fait la possibilité de mener une politique de prévention d’envergure qui permettrait d’écarter l’idée que se soigner est un luxe.
Si le CRIPS doit, comme vous le souhaitez devenir la cheville ouvrière de votre politique de santé jeunesse, l’ensemble des points que je viens de développer devra être pris en compte.


La réussite de cette initiative passe par une augmentation substantielle des moyens financiers alloués au CRIPS, moyens qui, je le rappelle, avaient été diminués lors du vote du dernier budget."

 

 

 

 


 

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