par Jean-Michel Ruiz
Les ministres partent en vacances pour deux semaines, pas une de plus. Le
plan de communication autour de cette « actualité » ne date pas
d'aujourd'hui. Voilà plusieurs jours que l'opération médiatique sur la
« souffrance » des membres du gouvernement a été lancée, avec les
conseillers de l'Elysée, quand ce n'est pas le chef de l'Etat lui-même, qui
communiquent lourdement sur cette question. Que les membres du gouvernement
puissent prendre quelques jours de vacances est bien naturel. Mais cela apparait dérisoire au regard des
préoccupations réelles de l'écrasante majorité de nos concitoyens. Les
lieux de villégiatures des ministres ne changeront rien aux conditions
d'existence de toutes celles et ceux qui ne pourront pas s'évader et changer
d'air quelques jours.
Un Français sur deux ne pourra profiter pleinement de ses
vacances d’été.
Pourtant, comme le souligne le Secours populaire français, pouvoir partir en
vacances est l’une des fortes aspirations des familles. Cette petite parenthèse
dans la vie, certaines cherchent à la préserver quitte à la raccourcir face à
la violence de la crise économique, d’autres en sont privées. Ainsi, les ouvriers,
les chômeurs et les familles monoparentales sont les plus exclus du droit aux
vacances, un droit acquis par le mouvement social et établi par la loi, de
celle de 1936 à la loi établissant la cinquième semaine de congés payés. La
précarité, la baisse du pouvoir d’achat des salaires et des allocations,
l’augmentation du coût des séjours font que plus de 20 % de la population
passe tous ses congés à domicile depuis au moins cinq ans, tandis que le nombre
de jeunes partant en colonies ne cesse de diminuer. Les politiques libérales menées en Europe sont porteuses de graves
régressions sociales. La France peut s’y opposer et rouvrir le chemin de la
croissance et du progrès social. Assurer le droit aux vacances pour tous et
toutes suppose une relance des salaires : pourquoi bloquer le SMIC et les
salaires des fonctionnaires alors que les revenus des plus grandes fortunes de
France ne cessent de croître ? Assurer le droit aux vacances suppose aussi
que les communes et les associations d’éducation populaire disposent des
dotations et des subventions nécessaires pour pouvoir assurer ce droit par leur
offre de séjours collectifs.
Espérons que ces
quelques jours de vacances permettront aux ministres de revoir leur position
sur différents projets que ce soit celui des retraites ou du pouvoir d’achat et
qu’ils reviendront reposés et convaincus qu’un changement de cap, souhaité par
les électeurs de gauche qui les ont portés au pouvoir, est plus que jamais
nécessaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire