mercredi 1 août 2012

Crédit ouvert

par Stéphane Pariyski

L'autre jour en sortant du boulot, j'ai rencontré Miroslav. J'ai d'abord cru qu'il voulait juste me taper un clope, mais il avait surtout envie de discuter. C'est qu'il sortait du tribunal - un peu dépité. Alors on a pris le métro ensemble. En 2003, il a emprunté 3000 euros.
L'occasion pour lui d'aider sa famille, restée en Serbie (non, il n'est pas Grec, mais ça aurait pu...), à acheter l'indispensable camion qui allait leur permettre de continuer à vendre leur production sur les marchés de la région. Il s'est adressé à la société Cof... qui lui a indiqué qu'il avait « crédit ouvert » pour 5000 euros. Miroslav a utilisé les 3000 euros dont il avait besoin, et a commencé tranquillement à honorer ses traites. Et puis il se met à recevoir des chèques, avec force lettres engageantes... 300 euros par ci, 500 euros par là, au titre d'un « crédit disponible ». La première fois, il profite de l'aubaine ; mais comprend vite qu'il y a anguille sous roche et conserve les chèques dans son dossier. Il découvre de plus qu'il a souscrit a son insu une assurance, qui lui est facturée au prix fort (mais ne lui sera bien sûr d'aucun secours lorsqu'il perdra son emploi). Au bout de six ans, il lui reste encore... 4200 euros à honorer – presque autant que ce qu'il a déjà payé, et bien plus que ce qu'il a emprunté. Après une longue bataille le tribunal vient de le condamner et il va, dans les prochains mois, être saisi du peu de biens qui lui restent. « Il faut mettre les gens en garde contre ces arnaques » me dit-il. Le crédit n'est que l'illusoire richesse des pauvres, dit le dicton... il est plus sûrement encore la réelle richesse des riches !

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